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lundi 16 novembre 2015

Automne an 15

Tu zones à tort et à travers les rues désertes
la ville à tes pieds trop chaude en cette fin d’automne
veille insomniaque et inquiète 
un verre de rouge sur la table de bois
promesse de réconfort et de joie

La tour Eiffel s’éteint devant tes yeux ébahis
présage d’un monde sans pitié 
la folie des hommes a tiré le jus de la treille
les terrasses des bistrots sont souillées de sang
draps blancs sur les trottoirs et tout le bataclan

Sur les grandes ondes c’est la météo Marine
qui égrène ses propos mortifères
un temps de haine et de larmes
rafale de vent qui donne le bourdon
et sonne le glas de ta liberté

Ils sont passés les printemps des années glorieuses
fruits goûteux mûris dans la douleur du monde
l’éclosion des fleurs qui s’épanouissent
celle de l’œuf du serpent que tu n’as pas vu venir
tu as peur mais il manque les mots pour le dire

Victor

(Texte écrit le 16 novembre 2015)

samedi 22 août 2015

Je ne sais quoi

C’est une ouverture en Cf3 sur la plage labourée par les pluies de l’hiver et brûlée par les feux de l’été. Un cheval fourbu dans la soute d’un Boeing 747 à dix mille mètres d’altitude jette son ombre sur la mer. Le flux et le reflux effacent sur le sable les traces d’une vie passée. Des graphèmes tentent un exercice de style qui se voudrait charabia eudémoniste pour la postérité. Making-of à la gare de Michard décrivant le contexte d’une œuvre minée dont il ne passe droit que quelques bribes. Mais le temps disperse cet arrangement de mots exposé en vain sur le tableau noir d’antan. Crissement de la craie, mélange éphémère de poudre blanche concassée réintégrant la carrière originelle où l’existence se perd. C’était l’âge du faire et dans le lointain des souvenirs la fidélité à une pensée divague, actrice de quelque chose de difficile et d’inapproprié.

« Ils ont arraché tous les niveaux de la terre, ils ont arraché les arbres, ils ont empoisonné les cours d’eau » et les muons dissipent de légères brumes en lévitation au dessus du café noir du matin à la recherche d’un corium disparu.

Les notes d'une chanson qui a bercé un passé récent sont déjà oubliées. Embrasse la vie pour moi mais ne lui dis pas. Les cheveux gris cachent avec peine les contours d’oreilles amplifiant la voix qui sourde d’un monde construit antérieurement et dont on se déprend. Qu’est-ce qui compte aujourd’hui quand on se sent étranger au présent qui s’efface peu à peu, blessé par les affres du vieillissement dont on se croyait pourtant affranchi ? Inquiet de perdre l’identité qu’il s’est façonnée le long de son existence le vieil homme est amer. Les requins n’ont laissé que la peau et les os à leur proie dédaignant le flaperon échoué sur la grève, vestige convoité d’une ancienne catastrophe. Un fou est alors sorti de son trou pour jouer son dernier coup en Fxf3 avant de se taire à jamais et la coalescence des lèvres a cicatrisé son silence. 


Victor


La citation au début du paragraphe en milieu de texte est extraite d'un entretien avec Nancy Huston sur http://www.reporterre.net

(Texte écrit le 22 août 2015)