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mardi 3 juillet 2012

Fièvre affreuse


Elles ne sont pas aimées. Déjà au début du XXe siècle les anarchistes de tout poil réclamaient à grand cri leur mort.
Depuis cela ne s’est pas arrangé et au moindre prétexte ce sont des interdictions de se rassembler qui sont édictées par les autorités. Et pourtant il ne s’agit pas de bandes de jeunes dans les entrées des HLM !
Plus grave encore (mais que font les ONG ?) il y a eu des autodafés dans certains pays au début de ce siècle et des menaces pèsent encore sur elles en cette fin de semaine. Et là pas de chance, Cécilia est en vacances !
Elles ont eu leur époque de gloire quand il fallait aller chercher le lait à la ferme et attendre la traite pour repartir avec un bidon plein du précieux liquide encore chaud. Aujourd’hui c’est vrai, le berlingot en carton paraffiné est plus anonyme et la provenance de son contenu peut faire question. 
On les voyait alors sur les écrans de cinéma et dans le magazine “La vie du rail” où elles servaient de faire valoir aux acteurs à la mode et aux instantanés de trains des photographes ferroviaires…
Et le grand-père racontait à sa petite fille que si elle ne buvait pas son lait au petit déjeuner, la vache pleurerait, et c’est vrai, dans l’étable elle pleurait.
Avec leurs yeux humides et leurs mouvements de têtes, elles sont belles et tranquilles les blanches, les brunes, les noiraudes, les tachetées.
Il faut les voir ruminant tranquillement dans les prés verts, chassant les mouches d’un geste précis et répétitif de la queue. 
Il faut voir les copines, en marge du troupeau, échappant à la vigilance de la bête dominante, qui vont par deux en se suivant et se “léchouillant” le cou de leur grosse langue râpeuse.
Il me revient le souvenir sonore des innombrables cloches qui tintaient à leur cou dans les alpages du Haut Dauphiné à une époque bénie où l’on ne parlait du loup que dans les contes de Perrault avant que les petits enfants s’endorment, sans doute pour que leur nuit soit remplie de cauchemars !
En fait, j’ai honte car dans le même temps, je me rappelle les soirées de convivialité entre étudiants barbus, dans une petite chambre de bonne, avenue de Versailles à Paris, autour d’immenses côtes de bœuf arrosées d’un bon vin du Sud-Ouest. 
J’avoue, je ne suis pas végétarien.
Victor
(texte écrit le 5 août 2007)

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