Bandeau

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vendredi 15 juin 2012

Gazouillis


“Gaza, Gaza, oui !   Un habitant de là s’appelle   un Gazaoui   gazaoui au monde   un Gazaoui - c’est qui ?   Un Gazaoui - c’est lui ?”
Les voix de soprano, mezzo-soprano et baryton disent, chantent le poème de Sylvie Nève : “Bande de Gaza”. 
Les percussions et le violoncelle soulignent tantôt le récit, tantôt la mélopée de ce quatuor vocal qui se produit sur une musique d’Éric Daubresse dans une petite salle d’un théâtre de banlieue. 
Gaza, bande de terre coincée entre l’État d’Israël et la mer, Gaza surpeuplée, envahie par la pollution, qui n’a presque plus d’eau douce et dont la clameur retentit dans le monde entier. 
Tour de Babel élevée à la place des villages détruits et des terres expropriées, territoire de réfugiés dont la souffrance, l’espoir et les luttes trouvent écho dans cet oratorio.
Autour de la bande, il y a des peuples de diverses religions, cultures et nationalités : juifs, ismaéliens, musulmans, chrétiens… Et les voix égrènent dans une longue litanie ceux qui sont autour de Gaza : Égyptiens, Palestiniens, Israéliens, Cisjordaniens, Jordaniens… Proximité géographique d’abord qui peu à peu vise à l’universalité : Coréens du sud, Coréens du nord, Suédois, Québécois, Mexicain, Japonais…
Les projecteurs éclairent de plus en plus largement la scène recouverte de bandes de gaze aux couleurs ocres du désert qui reconstituent une carte ancienne de la Palestine. Et puis les spectateurs sont eux-mêmes intégrés dans le halo de lumière.
“il y a autour tout autour de Gaza   de Gaza   il y a   il y a   il y a des femmes   il y a des hommes   il y a des enfants […]   il y a des gens, aussi”
Gaza, prison à ciel ouvert, entourée de clôtures, de barbelés et de murs ; frontières infranchissables.
“[…] territoires reclus   les enfants ne   parviennent pas   obtiennent pas   les permis pour   délivrés pour   traverser   traverser   le mur.”
Et le spectacle terminé, les mots de Sylvie Nève interrogent : “Je regarde Le Mur de Simone Bitton. Qui escalade le mur ? Qui escalade la violence ?”
Mur en construction sur le territoire de Cisjordanie après ceux érigés autour de la Bande de Gaza pour asseoir la colonisation par l’état sioniste et qui a fait l’objet d’un film documentaire récent… 
Murs de béton, de barbelés, murs électroniques, construits sur la frontière mexicaine par les États Unis sous la férule de l’administration Bush et bientôt entre communautés chiites et sunnites en Iraq…
Mur d’Heiligendamm en Allemagne pour “protéger”, lors de la conférence du G8, les représentants des nations les plus riches qui s’arrogent le droit de décider de l’avenir du Monde…
Mur, mur des mots parfois quand “immigration choisie” rime avec “identité nationale” et que la non délivrance d’un visa empêche la fiancée syrienne de retrouver son mari. Pas dans le Golan, non, à Paris en 2007 ! 


Victor


(texte écrit le 6 juin 2007)




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